
À ceux qui ont semé sans être célébrés
- Habib ouja
- 20 juin
- 2 min de lecture
À la fin de chaque année scolaire, les regards des familles se tournent vers les résultats comme s’ils étaient une sentence déterminante, comme si les chiffres d’un examen étaient le seul véritable étalon de la valeur d’un enfant. À la maison comme sur les réseaux sociaux, la discussion devient une course épuisante vers “Qui a eu la meilleure moyenne ?”, et dans ce vacarme de chiffres, les histoires de persévérance et de dépassement de soi se perdent.
On oublie trop souvent que derrière chaque résultat, quel qu’il soit, il y a un effort humain dont la valeur égale, voire dépasse celle de la réussite.
Un élève se lève chaque jour à l’aube pour attraper le bus scolaire, rentre tard chez lui après une longue journée, puis veille encore pour réviser avec des moyens limités. Il se relève le lendemain sans soutien, sans explication pour ce qu’il n’a pas compris. En face, un autre camarade bénéficie du confort, de cours de soutien intensifs, qui rattrapent sa nonchalance de l’année. Il aborde l’examen serein, car il sait que le résultat est garanti. À la fin, c’est ce dernier qu’on félicite, tandis que le premier reste dans l’ombre, comme si l’effort n’avait de valeur que s’il se traduit en notes élevées.
Cette logique injuste ne tue pas seulement les esprits ; elle piétine l’une des valeurs les plus nobles d’une société saine : la culture de l’effort.
Si nous élevons nos enfants à croire que seule la réussite compte, même vidée de tout effort, nous leur enseignons l’opportunisme au lieu de l’engagement, la facilité au lieu de la persévérance, l’apparence au lieu de l’essence.
L’honneur d’un être humain, de tout temps, réside dans ce qu’il donne, pas dans ce qu’il récolte. Dans sa sueur, pas dans l’admiration des autres. L’effort est l’expression la plus sincère de la volonté, de l’engagement forgé dans le cœur et l’esprit, indépendamment des circonstances ou des ressources.
C’est pourquoi nous devons repenser notre discours sociétal, non seulement à l’occasion des examens, mais en tout temps : célébrons les efforts sincères, et pas seulement les résultats éclatants.
C’est cette conviction que j’ai portée tout au long de ma carrière auprès de mes élèves, puis de mes enfants, malgré les difficultés.
Je leur ai transmis cette certitude : la vraie valeur d’une personne ne réside pas uniquement dans ce qu’elle récolte, mais dans ce qu’elle donne. Celui qui se donne de la peine a déjà gagné, même si les résultats ne lui rendent pas justice. Et celui qui s’efforce est déjà au sommet, même s’il ne monte jamais sur scène.
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