
Quand les mains tissent la mémoire : l’histoire du tissage à Djerba
- Habib ouja
- 18 juin
- 2 min de lecture
Au cœur de l’île de Djerba, un héritage se tisse au fil du temps, façonné par des mains habiles, génération après génération. Le tissage ou « Nessiza » en dialecte djerbien , n’a jamais été une simple activité pour gagner sa vie, mais le pouls des ruelles et des échoppes, un fil essentiel de l’identité djerbienne qui refuse de disparaître. Les hommes oscillaient entre les champs et les métiers à tisser, cultivant la terre quand la saison le permettait, et se tournant vers les ateliers de tissage quand le calme hivernal s’installait — trouvant dans ces lieux un nouveau foyer de production et de créativité.
Le hanout, un lieu vibrant de vie
Les ateliers de tissage n’étaient pas que des espaces de travail, mais de véritables lieux de rencontre quotidienne entre artisans et habitants. On y échangeait des nouvelles, on y tissait des liens autant que des étoffes. Certains ateliers étaient des héritages familiaux transmis de grand-père à petit-fils ; d’autres étaient liés au waqf, soutenant les mosquées et les écoles coraniques , une alliance unique entre artisanat, foi et solidarité.
Trésors architecturaux au bord de l’oubli
Pénétrer dans un atelier de Nessiza, c’est entrer dans un monde minutieusement conçu : toits en pente pyramidale, fenêtres étroites laissant filtrer la lumière sans laisser entrer la chaleur de l’été ni le froid de l’hiver. Ces lieux n’étaient pas bâtis au hasard, mais traduisaient l’intelligence des artisans djerbiens, qui savaient créer des espaces optimaux pour le travail. Aujourd’hui, ces ateliers risquent pourtant de disparaître, victimes de l’évolution des modes de vie et du désintérêt croissant des jeunes générations.
Sauver cet héritage, une urgence vivante
Préserver cet artisanat ne revient pas seulement à sauver quelques vieilles bâtisses, mais à protéger l’âme de Djerba une histoire écrite par les mains des artisans à travers les siècles. Documenter cette mémoire et intégrer ces ateliers dans des projets culturels et touristiques pourrait leur offrir une nouvelle vie, et inscrire cet héritage dans la marche de l’île vers l’avenir. Il ne suffit pas de raconter les histoires du passé, il faut leur offrir un souffle présent, pour que le tissage reste une part vivante de la mémoire djerbienne, et non un simple souvenir emporté par le vent.
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